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A Lausanne, la poésie des Trottola va sidérer Vidy

Non loin du Knie installé à Bellerive, ce cirque alterne lyrisme et rugosité. Beau à pleurer!

Ils sont rugueux et doux à la fois. Trop forts, les Trottola! — © Philippe Laurençon
Ils sont rugueux et doux à la fois. Trop forts, les Trottola! — © Philippe Laurençon

Le cirque arrive à Lausanne! Les cirques, en fait. Tandis que Knie et les deux Vincent s’apprêtent à charmer l’audience à Bellerive, les Trottola s’installent sur le gazon de Vidy pour réjouir les adeptes d’un cirque qui gratte, grogne et détonne. Cela sans lésiner sur la virtuosité.Campana, leur dernier spectacle qui a fait fureur lors du récent Festival de la Cité, est un mélange d’acrobaties main à main et de pépites mélodiques – une palme à Thomas Barrière et Bastien Pelenc, les deux musiciens. Les Trottola ne sont pas des nouveaux venus de la discipline. Le colosse Bonaventure Gacon et sa compagne, la menue Titoune, sidèrent depuis longtemps avec leur ton, leur inventivité et leur talent. Leurs numéros d’équilibre et de voltige coupent le souffle, mais ce qui plaît surtout chez eux, c’est leur esprit rebelle et rugueux. Comme si leur arte povera résonnait de toute la colère du monde.

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Une échelle comme compas

Les grands moments de Campana? La fin, mais on ne peut pas la dévoiler, car les Trottola ont leurs petits secrets. Sinon, le numéro de l’échelle est un sommet de dangerosité maîtrisée. Bonaventure Gacon, grosse barbe et cheveu fou, semble toujours perdu, hagard, cherchant une réponse à ses questions existentielles. Sur la piste du petit chapiteau, il manipule son immense échelle comme un compas qui devrait lui indiquer le chemin de la félicité. Il frôle les spectateurs, se mange les rayons lorsque la monture est dressée, trône sur l’engin en rotation. «Je veux rire, chanter, boire et aimer!» clame l’histrion lancé à fond sur son manège désenchanté. Plus discrète, Titoune a aussi ses accents déchirants lorsqu’elle observe que «la nuit est le jour, le haut est le bas» après avoir fait danser un éléphant très gonflé… On a déjà dit à quel point les musiciens étaient parfaits. Il faut aussi saluer les accessoiristes qui transforment les sous-sols de la piste en enfers fulminant d’objets. Au terme de cette formidable traversée qu’on pourra aussi apprécier au festival de cirque du Théâtre-Cirqule, à Genève, fin octobre, le public se lève pour applaudir ces poètes allumés.

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Campana , du 25 sept. au 13 oct. Vidy-Lausanne. Les 29 et 30 octobre, au Festival-Cirqule, Thônex, Genève.