Une échelle comme compas
Les grands moments de Campana? La fin, mais on ne peut pas la dévoiler, car les Trottola ont leurs petits secrets. Sinon, le numéro de l’échelle est un sommet de dangerosité maîtrisée. Bonaventure Gacon, grosse barbe et cheveu fou, semble toujours perdu, hagard, cherchant une réponse à ses questions existentielles. Sur la piste du petit chapiteau, il manipule son immense échelle comme un compas qui devrait lui indiquer le chemin de la félicité. Il frôle les spectateurs, se mange les rayons lorsque la monture est dressée, trône sur l’engin en rotation. «Je veux rire, chanter, boire et aimer!» clame l’histrion lancé à fond sur son manège désenchanté. Plus discrète, Titoune a aussi ses accents déchirants lorsqu’elle observe que «la nuit est le jour, le haut est le bas» après avoir fait danser un éléphant très gonflé… On a déjà dit à quel point les musiciens étaient parfaits. Il faut aussi saluer les accessoiristes qui transforment les sous-sols de la piste en enfers fulminant d’objets. Au terme de cette formidable traversée qu’on pourra aussi apprécier au festival de cirque du Théâtre-Cirqule, à Genève, fin octobre, le public se lève pour applaudir ces poètes allumés.
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Campana , du 25 sept. au 13 oct. Vidy-Lausanne. Les 29 et 30 octobre, au Festival-Cirqule, Thônex, Genève.