« Les pouvoirs de l’image et de la littérature
à l’ère du numérique »

Une journée de rencontres autour de la question
d’une veille écologique de l'attention

Salle de conférence
Centre de la Photographie Genève 

Formation continue destinée en priorité aux enseignant.e.s DIP,
mais ouverte au public, sur inscription
Voir formation continue SEM 2021-22 : COURS SEM-10652 - CO-ESII 

En partenariat avec l’association Freeze, le Centre de la Photographie Genève et le Centre d’Art Contemporain Genève, 2 universitaires, 2 artistes, 1 curatrice et 2 médiatrices culturelles ont choisi de répondre à notre invitation pour co-construire une journée de formation continue, destinée à l’ensemble du corps enseignant (EP/ESI/ESII) et entièrement dédiée à la question des enjeux et des pouvoirs de la littérature et de l’image à l’ère du numérique.

De plus, afin de pouvoir faire l’expérience esthétique des œuvres des artistes invité.e.s, il sera possible d’assister à une conférence-spectacle de Simon Senn, en clôture de journée, au Centre de la Photographie Genève, et de découvrir un ensemble d’œuvres de Valérie Mréjen, au Centre d’Art Contemporain Genève.

Qu'est-ce qui “mérite” notre attention ? Autrement dit, qu'est-ce qui importe d'être raconté, écouté, vu et/ou lu à l'ère de la « googlisation des esprits » et de « la sur-occupation qui nous écrase » ? Gages d'une nouvelle sensibilité esthétique et politique, les recherches et les œuvres ici convoquées, à la croisée de la littérature mondiale, de la médiologie, des humanités et des arts numériques, de l’histoire de l’art, des arts visuels et vivants, nous disent quelque chose de notre rapport au monde, à nous-mêmes et aux autres. Et en cela, oui, elles “méritent” de toute évidence notre attention.

A partir de concepts et de pratiques transdisciplinaires, les chercheur.euse.s et artistes invité.e.s, à l’occasion de cette première journée de rencontres PIPAS, nous enjoignent à une reconquête de l’attention. La mise en dialogue de leurs recherches et de leurs pratiques, comme autant de sillons creusés pour tenter d’apporter des pistes précisément “responsives” (Harmut Rosa, 2022), nous est apparue, à nous aussi, sinon urgente plus que salutaire. Les enjeux politiques et poétiques qui nourrissent et traversent leurs travaux, au service d’une certaine écologie de l’attention (Citton, 2014), sont ici proposés en partage, le temps d’une journée consacrée à l’urgence d’une réappropriation des médias et d’une mise en dialogue de différents médiums.


Intervenant.e.s








Matin

Modérateur : Jérôme David

9h15

Accueil des participant.e.s et présentation de la journée


9h30

Yves Citton

«L'imagination conspirationniste est-elle soluble dans l'attention littéraire ?»

On parle beaucoup aujourd'hui de complotisme, de « fake news » et d'ère « post-vérité », en même temps qu’on se plaint depuis longtemps de voir une « civilisation des images » supplanter ou miner une rationalité identifiée à l’univers (obsolète ?) de l’écrit. Cette intervention proposera de renverser les perspectives. Nous avons toujours vécu dans un conspirationnisme généralisé ; la circulation facilitée des images lui donne de nouvelles formes, qui peuvent aussi bien entraver qu’aider nos intelligences collectives ; les études littéraires, avec les formes particulières d’attention qu’elles cultivent, sont plus utiles que jamais pour se repérer dans l’inéluctable labyrinthe des conspirations. 


10h

Table-ronde #1 et échanges avec l’audience


10h30

Asma Barchiche et Priscilla Gonzalez

«Le 5e étage : l’extension digitale du Centre d’Art Contemporain Genève, ancrages et perspectives»

Cette intervention menée par Priscilla Gonzalez, responsable de la communication, et Asma Barchiche, responsable de la médiation au Centre d’Art Contemporain Genève, vise à retracer les prémices de la création du “5e étage”, une plateforme digitale qui vient prolonger et compléter la programmation accueillie dans les espaces de l’institution et dont la fréquentation a explosé pendant la fermeture des lieux culturels en 2020.

Le “5e étage” est envisagé comme un outil d'expérimentation artistique, un laboratoire de création visuelle et sonore renouvelé en continu. Il réunit un espace de productions numériques locales et internationales (“Works”), une station de radio aléatoire et un outil de diffusion des voix et idées des artistes (“Words”). Cet espace virtuel permet à la fois d’assurer la continuité du soutien direct aux artistes par la production ou la diffusion de leurs œuvres numériques et d’offrir un lieu d’inspiration et de découverte pour les publics. Il propose un panorama consacré à la jeune création d’art vidéo en Suisse, à l’issue duquel est décerné le tout premier Prix suisse de l’Image en Mouvement.

Cette conversation sera l’opportunité d’aborder la façon dont le  Centre envisage ce nouvel espace digital. 

www.5e.centre.ch


11h

Table-ronde #2 et échanges avec l’audience


Pause


11h45

Danaé Panchaud

«Marge de manoeuvre»

Parmi tant de sphères en compétition pour notre attention, pour certaines avec des moyens avec lesquels ne peuvent rivaliser les petites structures et des productions culturelles à l’échelle locale, comment trouver et négocier son espace ? Partant du principe qu’il est possible de le faire d’une manière fine, en comprenant où se situent les marges de manœuvre et les espaces à investir, cette intervention propose de s’appuyer sur certains outils développés dans le champ de la muséologie. Au cœur de celle-ci se trouve le concept d’entrance narrative, développé par les chercheurs attachés à la Smithsonian Institution Zahava Doering et Andrew J. Pekarik et dans le cadre de leurs recherches sur l’expérience des visiteurs, et à partir duquel un framework adapté à de multiples contextes peut être développé.


12h15

Table-ronde #3 et échanges avec l’audience


12h45

Jérôme David, clôture de la matinée


Après-midi

Modératrice : Danaé Panchaud

14h

 

Jérôme David

« Vers une société du spectacle : immersion et métavers »

Le Bodmer Lab a produit un jeu vidéo en ligne intitulé Varietas de Bry, à partir d’un riche fonds d’illustrations de voyages publiées à la Renaissance. Les outils numériques rendent aujourd’hui possible une plongée dans chacune de ces images jusqu’au vertige du détail, de la matérialité du geste, de l’altérité des cultures. Les quatre années de maturation du projet ont par ailleurs coïncidé avec l’émergence d’une utopie de plus en plus partagée par des entreprises de la Silicon Valley, comme Epic Games, des agences spécialisées dans l’événementiel culturel, des musées et des équipes de recherche en humanités numériques – une utopie dont le « métavers » est désormais la cristallisation la plus médiatique. Avec l’immersion pour mot d’ordre, les expériences promises, escomptées, exigeront de nouveaux calibrages de l’attention. Varietas de Bry répond à ce paradigme émergent par une critique « embarquée » dans la mécanique même du jeu.


14h30

 

Table-ronde #4 et échanges avec l’audience


15h00

 

Valérie Mréjen

«Communiqué»

«Demander aux artistes de se présenter en quelques mots me semble bien souvent, en dépit de bonnes intentions, une mise à l’épreuve, un gage contre nature. Lorsque je me retrouve à devoir dire : mon travail parle de, je m’intéresse à ci ou ça, je ne perçois que trop le ridicule de la situation, l’absurdité qu’il y a à essayer de faire une visite guidée de soi-même. Dans ce domaine on n’est jamais mieux servi que par les autres. De quoi cela parle ? Mais avant tout, de ce que vous voyez, ce que vous y voyez.»


15h30

 

Table-ronde #5 et échanges avec l’audience


Pause


16h15

 

Simon Senn

«Doubles numériques»

La développeuse informatique Tammara Leites a entraîné une Intelligence Artificielle à devenir écrivaine. Elle lui a donné la personnalité de l’artiste Simon Senn, intégrant les données personnelles de celui-ci. Mais cette IA, appelée dSimon, s’est progressivement mise à avoir des comportements étranges… Précédemment, dans Be Arielle F, Simon Senn achète en ligne la réplique numérique d’un corps féminin, puis part à la rencontre de celle dont il incarnera le corps grâce à la réalité virtuelle. Artiste et enseignant, Simon Senn nous invite à découvrir une double pratique, artistique et pédagogique, qui fait le choix de s’intéresser au monde dit “numérique” pour mieux en questionner les enjeux et les limites éthiques et esthétiques. Mais le fait de choisir la performance – ou plutôt le spectacle comme médium – soit des corps réels et vivants sur un plateau face à d'autres corps réels et vivants dans un gradin, pour une durée limitée, re-insuffle de l’incarnation à la désincarnation, de la matière à l’immatériel, du réel au virtuel.


16h45

 

Table-ronde #6 et échanges avec l’audience


17h15

 

Danaé Panchaud, clôture de l’après-midi


19h
Dès 16 ans

Simon Senn

«Be Arielle F»

Simon Senn achète en ligne la réplique numérique d’un corps féminin, puis part à la rencontre de celle dont il incarnera le corps grâce à la réalité virtuelle. Une fois la réplique téléchargée, il l’anime avec des capteurs, de ceux qu’on trouve communément aujourd’hui: le voilà "dans" un corps de femme, à travers ses lunettes 3D. L’expérience est émouvante. Qui est cette femme ? Peut-il faire faire tout ce qu’il veut à ce corps numérique ? Et cette forme virtuelle ne l’ouvre-t-il pas à une sensualité nouvelle et agréable ?

Dans une conférence théâtrale qui est aussi une démonstration et une confession, Simon Senn expose combien virtuel et réel ne s’opposent pas, et révèle l’intrication inattendue entre psychologie, genre, image, sensualité, technologie et loi.