Pascal Rambert & Nicolas Truong : L'art de l'interview

Nicolas Truong et Pascal Rambert - Mathilde Serrell
Nicolas Truong et Pascal Rambert - Mathilde Serrell
Nicolas Truong et Pascal Rambert - Mathilde Serrell
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A la table, ce soir, l'auteur Pascal Rambert dont la pièce "Une Vie", commandée par la Comédie-Française, est jouée en ce moment au théâtre du Vieux-Colombier et Nicolas Truong, journaliste et essayiste pour sa pièce "Interview" avec Judith Henry et Nicolas Bouchaud jusqu au Théâtre Sylvia Montfort.

Avec

A LA TABLE

  • Pascal Rambert : auteur, metteur en scène. Pascal Rambert a été influencé par Pina Bausch et Claude Régy. Il débute dans la mise en scène avec Arlequin poli par l'amour de Marivaux en 1980. Distingué avec Les Parisiens en 1989 au Festival d’Avignon, il se nourrit de nombreuses expériences à l’étranger en tant qu’enseignant (Etats-Unis et Syrie) et présente ses spectacles dans de nombreux pays. Il connaît un succès mondial avec sa pièce Clôture de l’amour créée au Festival d’Avignon en 2011, festival qu’il retrouve en 2013 pour la création de Avignon à vie.
  • Nicolas Truong :Journaliste et essayiste, il dirige les pages Idées-Débats du Monde. Responsable des Controverses du Monde en Avignon, il est co-auteur de nombreux ouvrages dont Le crépuscule des intellectuels français ? (L'Aube, 2016). Après Projet Luciole, spectacle créé en 2013 au festival d'Avignon, il prolonge sa tentative d’imaginer un théâtre philosophique avec Interview.

ACTUALITES

  • THEATRE : "Une Vie" de Pascal Rambert jusqu'au 2 juillet au théâtre du Vieux-Colombier.

Avec Cécile Brune, Denis Podalydès, Alexandre Pavloff, Hervé Pierre, Pierre Louis-Calixte et Jennifer Decker.

Écrite spécialement pour six acteurs de la Troupe et un enfant, la pièce se déroule dans un studio de radio, le temps d’une émission monographique menée par un grand critique d’art. L’invité est un artiste de renommée internationale et dont le style confine au figuratif. Les échanges avec l’interviewer libèrent la pensée, acceptent les silences. Cette rencontre est une remontée aux sources de la création, mais aussi de la vie de l’invité et des figures récurrentes de son œuvre, visages, jouissance, fleurs aux mille noms... Les personnes qu’il évoque prennent chair et dialoguent avec lui : la mère envahissante aujourd’hui défunte, le frère haï et haïssant, le premier amour femme-maîtresse peinte cent fois, l’enfant qu’il était ou encore le Diable, son meilleur ami... En neuf tableaux, cette tentative de recomposer une vie est aussi une sublimation de la langue, que Pascal Rambert défend en privilégiant toujours une relation intime avec ceux qui l’incarnent : « je n’écris pas sur la vie privée des acteurs, j’écris pour leur voix, leur corps, leur énergie, précise-t-il, ce sont des êtres humains, pas des personnages de papier ». En prise directe avec le concret, ce théâtre nous assure de sa force en développant une plasticité du temps, une porosité entre l’art et la vie.

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Une vie
Une vie
- C. Raynaud de Lage
  • THEATRE : " Interview" de Nicolas Truong du 29 mai au 17 juin au Théâtre Sylvia Montfort à Paris

Avec Judith Henry et Nicolas Bouchaud

Impossible dans notre monde sur médiatisé d’échapper à cet exercice journalistique qu’est l’interview. Hommes politiques et artistes, sportifs et anonymes s’y livrent dans un ballet incessant. Intrusive ou complaisante, combative ou complice, posthume ou imaginaire, sentencieuse ou burlesque, l’interview est un jeu de rôle, un théâtre, une piste de danse où se joue la confrontation de deux subjectivités. Mais, à l’ère du bavardage généralisé, l’enjeu consiste à y faire encore advenir des vérités, des paroles qui viennent rompre le conformisme et la banalité grâce à cet art singulier de « l’accouchement de la pensée ».

Judith Henry et Nicolas Bouchaud seront à tour de rôle interviewer et interviewé, jouant cette galerie de personnages souvent hauts en couleur, sans ironie mais toujours avec humour, pour nous plonger dans les méandres d’un genre qui - malgré sa banalisation - permet révélations, coups de théâtre et émotions partagées. Entre fosse aux lions et cabinet de psychanalyste, un certain art de l’interview construit un espace au sein duquel la parole peut se libérer.

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L'APRES MATCH : Questionnaire d'Hannah Barron à Pascal Rambert

Questionnaire amoureux de Pascal Rambert

2 min

- Qu’est ce qui est le plus aimable chez un comédien ?

Sa capacité à tout essayer. Dans l’art du théâtre il n’y a aucune règle. Et s’il y a avait une seule règle à inventer ça serait celle qui énonce « je ne peux pas faire ça », ce n’est pas possible. Tout doit être fait, c’est ce qui différencie ce rapport sublime qu’est la connexion entre le metteur en scène et son acteur, du reste de la vie ordinaire. On n’est pas dans un rapport où le moi social est ce qui domine, on est dans l’endroit de ce qui n’est pas dominé par les convenances. Tout est possible au théâtre et c’est pour ça que j’adore cet art !

- Le texte qui vous résiste ?

Toutes les pièces de Beckett, je n’y arrive pas. Je sais très bien qu’on ne doit pas dire ça, mais ça me résiste ! Ce n’est pas l’aridité qui me résiste c’est ce que ça dit du monde.

- Le mot de notre époque que vous aimez ?

Dans la mesure où j’écris je ne peux pas avoir un rapport trop affectif avec mon époque, sinon je reste coincé sur une chose spatio-temporelle du langage, et moi j’aime bien élargir à comment ça peut se dire dans dix ans, comment on parlait il y a deux cent ans. Mon territoire de la langue n'est pas connecté uniquement à l’époque dans laquelle je vis.

- Une vie alternative , elle ressemblerait à quoi ?

Ça serait tous les moments que je crée, une sorte de capsule spatio-temporelle qui est une pièce de théâtre, un moment de démocratie, une utopie possible pendant une heure ou deux sur un plateau. Si je les mettais bout à bout, un peu comme mes livres, j’arriverais à quelque chose de cohérent qui pourrait être une vie parallèle, qui ne serait que le visage inversé de ce qu’aura été ma vie.

- Le pays dont vous êtes tombé amoureux ?

Depuis quelques années je travaille en Chine, et c’est le dernier pays dont je suis tombé amoureux. C’est quelque chose d’infini, la différence des chinois de l’est, de l’ouest, des cuisines, des langues, on est dans un espace très fort pour l’imaginaire.

- La question que vous aimez qu’on vous pose ?

J’aime bien ne pas savoir, l’art du théâtre est un endroit de non savoir, on travaille sur un temps qu’on écrit, au moment où on le fait on créer le paysage sur lequel on avance.

- Quel est ton « nous » ?

C’est tout le nous depuis 40 ans, que j’ai rassemblé spectacle après spectacle, avec tous les spectateurs, les artistes avec lesquels j’ai travaillé. C’est un "nous" énorme ! Je lui ai donné des formes et des noms à travers mes pièces, des "nous" que j’ai rencontré il y a vingt ans sont devenus des personnages d' aujourd’hui . « Nous » est une chaîne.

L'équipe