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ThéâtreL'étrange rituel vaudou d'Augustin Rebetez

Niklas Blomberg explore des identités multiples dans «Voodoo Sandwich».

Peuplé de créatures fantasmagoriques, hanté de silhouettes cauchemardesques façonnées dans des matériaux bruts, l'univers inquiétant d'Augustin Rebetez déborde paradoxalement de forces vitales et positives. «Pour moi, il y a une grande différence entre la volonté de faire des choses sombres en essayant d'attirer le public dans les limbes et, au contraire, de travailler cette obscurité avec l'envie de dynamiser, d'énergiser les gens.» Après «Rentrer au volcan» (2015) et «L'âge des ronces» (2017), le Jurassien de 33 ans revient au Théâtre de Vidy, la semaine prochaine, avec un «Voodoo Sandwich» mitonné pour les ados (dès 12 ans) et les adultes.

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AUGUSTIN REBETEZ "Voodoo Sandwich" // TRAILER from Théâtre Vidy-Lausanne on Vimeo.

Seul en scène, le performeur finlandais Niklas Blomberg (protéiforme car à la fois pianiste classique, musicien expérimental et contorsionniste!) endosse des identités multiples et mouvantes dans un cabaret de l'étrange, un rite sauvage et saugrenu nourri de pulsions archaïques. Mais ce rituel est avant tout folâtre, vivant, vivifiant. «L'idée c'est de rigoler sur scène et de faire rire les gens, reprend le plasticien touche-à-tout. Niklas Blomberg et moi, on travaille ensemble régulièrement, on est comme deux enfants qui s'entendent bien et qui veulent jouer.»

Insecte, fou ou diva

Complices de longue date, les deux compères unissent leurs univers fantasques dans cette même perspective ludique et communicative. «Niklas adore expérimenter toutes sortes de choses avec son corps. Il trimbale des «tricks» qu'on exploite dans le spectacle, dévoile le Jurassien. Il peut à la fois faire l'insecte, le mec rigolo, le fou ou la diva. Et je pense que ça fait du bien de voir quelqu'un vivre ces états par lesquels nous passons tous: énervé, hypercâlin, sombre, déprimé, hyperheureux...»

Explorer des identités fluides, tricoter et détricoter les genres, stimuler l'imaginaire et la créativité en s'affranchissant des vieux schémas et des atavismes: un thème tout trouvé pour parler aux ados? Augustin Rebetez répond sans détour: «Faire du théâtre pour les adultes ou pour les ados, ça ne change pas grand-chose. La question est de savoir comment inviter des adolescents qui ne sont pas forcément habitués à cet univers un peu bizarre.» Leur esthétique foisonnante et explosive devrait parler sans encombre à ces jeunes spectateurs habitués au flot incessant d'images, au zapping, aux rythmes saccadés. «Ce qu'on fait sur scène, c'est un peu le pendant des vidéos YouTube, où tout va très vite. Ce n'est pas un spectacle contemplatif! Nous, on met tout ce qu'on a dans un mixeur, ça secoue, ça gicle et ça amène une énergie positive!»

Un cintre dans la bouche

Que verra-t-on surgir de ce mixeur? «Un sandwich avec de la mayo et du voodoo au milieu... même si on ne sait pas vraiment ce qu'est ce voodoo», répond-il malicieusement. Mais encore? Il lève un coin du voile: «On essaie de faire quelque chose de stupide, brutal, un peu foireux mais drôle, en même temps étrange et fascinant.» Plus qu'un objet scénique, un manifeste. «C'est ma réponse à ce monde stérile, avec ses bâtiments blancs à angles droits, ses toilettes désinfectées. Avec Niklas, on crée de petites bulles en opposition à la normalité.»

Augustin Rebetez a beau décrire ses créations comme des «narrations énergétiques», son univers n'en demeure pas moins obscur, gothique, angoissant et tourmenté. «Il est sombre parce que le monde l'est aussi, souffle-t-il. On a tous la mort en bout de course.» Mais bien que la grande faucheuse rôde dans ses œuvres et que la nuit embaume ses créations plastiques, scéniques ou visuelles, il utilise le rire, le jeu, la poésie pour leur faire la nique. «Si un gars se met un cintre dans la bouche et qu'on voit bien ses dents, on se dit: «Ben oui, on est tous un p*** de squelette entouré de peau.»