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Critique de spectacle à LausanneChasseur et pêcheur, un lien ambigu au vivant

Bernard Magnin et Serge Bregnard jouent leur propre rôle dans «Avec l’animal», de Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre.

Dans la pénombre, des arbres et des fougères se détachent sur un ciel bleu nuit. À l’orée, la brume se diffuse lentement. Le chant des insectes, des batraciens et des oiseaux déploie l’imagerie d’un bestiaire en harmonie. Sommes-nous dans une forêt, le Jorat peut-être? Non, nous sommes bel et bien au théâtre. À Vidy, jusqu’au 12 mars, Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre métamorphosent la boîte noire en espace de récits sensibles.

Après «Dans la forêt», randonnée méditative dans les bois du Jorat guidée par un comédien tout au long de l’automne 2020, le metteur en scène et la dramaturge dévoilent «Avec l’animal», deuxième volet de «La trilogie des liens», tressée à partir de paroles de gardes-faune, de pêcheurs et de chasseurs de Suisse romande et nourrie d’écrits philosophiques.

«Chasser, c’est faire partie du territoire, de l’histoire qui nous relie à nos ancêtres.»

Bernard Magnin

L’authenticité tient un rôle central de cette partition à deux voix. Bernard Magnin et Serge Bregnard ne sont pas comédiens, mais leur présence est sincère, touchante, vibrante. Assis à leur table garnie de mets du terroir, les compères content leur lien au vivant dans tout ce qu’il peut receler d’ambigu.

Bernard Magnin est passionné de chasse. Son plus beau trophée? Un cerf majestueux tiré un jour d’automne. Serge Bregnard, lui, titille la truite dans les ruisseaux d’ici, le saumon dans les rivières d’ailleurs. Sans faire l’apologie de la chasse et de la pêche, sensibles à l’équilibre des écosystèmes, ils livrent un point de vue oblique sur la relation de l’Homme à la nature et aux animaux. Pour Bernard, 79 ans, «chasser, c’est faire partie du territoire, de l’histoire qui nous relie à nos ancêtres».

Bernard Magnin et Serge Bregnard racontent leurs histoires personnelles, alors qu’une soupe du chalet mijote sur scène.

Leurs récits s’entrelacent, simples, vivants, sans fioritures. La vie qui s’écoule. Bernard raconte comment, à 9 ans, il a emmené des veaux dans les hauts pâturages fribourgeois. Il se remémore les soirées à l’alpage, l’amour pour les bêtes et entonne «Le ranz des vaches». Frissons. Serge reprend le fil, se souvient de sa première prise, dans les gorges de l’Areuse, et de ses aventures en Alaska.

Deux hommes, deux histoires. Petit à petit, les sillons se rejoignent autour d’une notion: leurs chroniques du quotidien racontent, avant l’amitié, les rencontres et le partage de moments précieux. À la fin du spectacle, les deux comparses nous invitent à déguster un bol de soupe du chalet qui mijote depuis plus d’une heure. Autour du chaudron fumant, de nouveaux récits partagés s’écrivent.

Lausanne, Théâtre de Vidy. Jusqu’au 12 mars. Rens. 021 619 45 45. www.vidy.ch