Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Festival d’automne : Forced Entertainment, le jeu du qui perd gagne

Avec « Real Magic », leur nouveau spectacle horriblement drôle en forme de jeu télévisé absurde, les Britanniques proposent une critique au rasoir de la société du spectacle et de la manière dont elle coince les êtres dans un cul-de-sac.

Par 

Publié le 09 septembre 2017 à 08h00, modifié le 10 septembre 2017 à 11h15

Temps de Lecture 12 min.

Article réservé aux abonnés

Le groupe britannique Forced Entertainment, dans leur spectacle « Real Magic ».

« It’s crazy !!! », s’exclame, avec le nombre de points d’exclamation requis, une bande de jeunes gens, un soir de fin août à Edimbourg, en sortant du théâtre. C’est dingue, oui, on confirme. C’est Real ­Magic, le dernier spectacle ravageur, horriblement drôle, follement beckettien du groupe britannique Forced Entertainment. Après avoir été présenté au Festival d’Edimbourg, il arrive à Paris, au Théâtre de la Bastille, dans le cadre du Festival d’automne.

Avec cette nouvelle création, Forced Entertainment (« divertissement forcé » en français) semble avoir mené jusqu’à son point de perfection une recherche de plus de trente ans, et remplir totalement le programme contenu dans le nom que s’est choisi la compagnie : Real Magic est à la fois un pur plaisir de théâtre qui vous scotche à chaque seconde, et une critique au ­rasoir de la société du spectacle et de la manière dont elle coince les êtres dans un cul-de-sac.

Invraisemblables costumes de poussins

Sur scène, trois quidams, deux hommes et une femme, affublés d’invraisemblables costumes de poussins en fourrure jaune. Sur fond d’applaudissements et de rires enregistrés, ils participent à ce qui ressemble à un jeu télévisé. Le candidat, sous la houlette d’un animateur, doit essayer de deviner le mot auquel pense, à ce moment-là, son challenger – ce qui est évidemment impossible. Un jeu où il n’y a que des perdants.

Ce n’est pas par le discours, mais par son dispositif, à l’intérieur duquel les acteurs s’en donnent à cœur joie en termes de jeu, que Real Magic piège son spectateur

Tout le spectacle est constitué par cette situation de base, indéfiniment répétée et reprise avec de multiples variations, les trois excellents acteurs-performeurs, Jerry Killick, ­Richard Lowdon et Claire Marshall, s’échangeant sans fin les rôles du candidat, du challenger et du présentateur. Ce n’est donc pas par le discours, mais par son dispositif, à l’intérieur duquel les acteurs s’en donnent à cœur joie en termes de jeu, que Real Magic piège son spectateur. Et l’emmène, avec un sens du rythme époustouflant, vers une vertigineuse réflexion sur l’impasse politique que nous connaissons aujourd’hui, et l’impasse existentielle qu’est toute vie humaine.

Au lendemain de la représentation, on retrouve Tim Etchells, le directeur artistique de Forced Entertainment. Il pleut sur Edimbourg – ah oui ? –, les cafés arty et les pubs tradis sont bondés, alors on se rabat – quelle ironie ! – sur la cafétéria impersonnelle du siège du festival, pour parler de l’histoire de la compagnie. Ou plutôt du groupe : les six partenaires de Forced Entertainment y tiennent, à ce terme. Un groupe, comme dans le rock, et pas une compagnie, comme dans le théâtre au sens classique du terme.

Il vous reste 71.53% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.