« Dans la forêt » Massimo Furlan / Claire de Ribaupierre § reforestation

Du 15 septembre au 5 novembre 2020, Hors les murs-Bois du Jorat
Avec Martin Reinartz

Pour inaugurer la saison, le théâtre de Vidy offre à son public une expérience insolite : une excursion de 7 kilomètres en pleine forêt, de nuit, sans lampe de poche.

Dans la droite ligne de leur exploration de la mémoire collective, Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre orchestrent pour nous cette plongée dans les arcanes du macrocosme végétal et animal fantasmé. Le premier volet d’une trilogie consacrée à la façon dont nous habitons et travaillons la terre. Dossier de presse

Après un court trajet en bus, nous débarquons sur un chemin forestier où nous attend notre guide. D’une voix calme et profonde, il nous indique quelques consignes : en file indienne, en silence, nous allons intégrer cette scène à ciel ouvert, en devenir les acteurs, s’offrir en spectacle aux êtres sylvestres qui nous entourent.

Photo (c)Pierre Nydegger

Ce n’est pas la seule obscurité que nous traversons, mais toutes ses nuances.

Chacun de nous est marqué sur le dos d’un rectangle fluorescent, une légère lueur, le petit caillou blanc que nous suivons. Entre les arbres, ces géants, nous voilà minuscules et fragiles. Leurs silhouettes, imposantes ombres chinoises, nous surplombent avec majesté. Menaçantes ou protectrices?

Adaptant notre rythme au marcheur qui nous précède, nous apprenons à nous déplacer sans voir où se posent nos pieds. La lune, dans son tout dernier croissant, est invisible ce soir, le ciel constellé d’étoiles. Il est le fond de scène sur lequel s’appuient les vrais acteurs de ce spectacle: les arbres, la végétation, les animaux invisibles et quelquefois audibles. Grattements discrets, chuintements, hululements, stridulations des grillons.

Photo (c)Pierre Nydegger

Il y a des passages de véritables ténèbres, de sombres opacités, quelques clairières. Notre guide interrompt de temps à autre notre marche. Se produisent alors des instants de pur silence où l’humain devient invisible, noyé dans cette nature vibrante, comme effacé de son enveloppe charnelle, véritablement uni à ce milieu durant quelques secondes.

Photo (c)Pierre Nydegger

Aux prémices de nos existences, la forêt c’est d’abord le conte. Le milieu sauvage où vivent le loup, la sorcière, l’ogre… Point de frayeur durant cette marche, mais une évocation douce et tendre du refuge (ou du piège) de la cabane au fond des bois, baignée de mystère, de couleurs et de musicalité. Et l’apothéose d’une sublime arborescence illuminée

La forêt diurne enchante. Nous la connaissons et l’aimons. Dans cet univers nocturne, elle est tout autre. C’est la vie d’un peuple que l’on découvre. Aveuglément livrés au savoir de notre guide, la nuit nous a permis de la rencontrer autrement, presque d’égal.e à égal.e, chacun aussi solitaire que solidaire du groupe,

Le décor est évidemment monumental, la scénographie réglée avec précision, les contrastes lumière offerts par Dame Nature, l’instant-conte onirique à (trois) souhait, la présence des acteurs imposante et superbe. Nous ne percevrons que la voix et la sombre silhouette de l’homme des bois mystérieux et solennel qui nous guida. Finalement, les marcheurs, figurants de cette représentation, s’en sont merveilleusement sortis…

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